Le blason de la ville
Armes déposées dans L'Armorial de 1696 : D'or à un compas de Gueules, ouvert à un chevron
Il s'agit d'armes modernes imposées par l'héraldiste royal, d'Hozier, en 1696. Le thème du compas, unique en France correspondrait à l'importance des confréries artisanales compagnonniques liées aux métiers du bois générés par l'importante forêt locale. Les actes notariés locaux sont riches de la présence de maîtres charpentiers, maîtres menuisiers » entre 1630 et 1700.
Cependant Rieumes possédait, si l'on croit Bremond (Armorial Nobiliaire de 1863), des armes plus anciennes « d'azur à un mont de sable dans une rivière d'argent, sommée d'un château d'or en ruine ». Cela est fort probable, en effet en 1201, Rieumes était un des trois « châteaux » du Comte de Comminges sur le Nord du Comté. Le « Château d'or en ruine » rappellerait la destruction du bien probablement vers 1216 par Simon de Montfort ce qui est confirmé par la tradition qui veut que Rieumes fût autrefois « ruinée » d'où son nom.
Deux histoires du Savès
Deux épisodes anglais en Savès :
- La razzia du Prince noir en 1355 et le passage de l'armée anglo-espagnole en Savès au printemps 1814 avant la bataille de Toulouse.
- Les « Anglais » en Savès et le cas du « cimetière des Anglais » à Montgras.
Dans la tradition populaire locale le « cimetière des Anglais » serait un charnier de la guerre de cent ans contenant des soldats anglais de l'équipe du Prince Noir de passage en Savès en 1355.
Une enquête détaillée a permis de constater :
- Le site du cimetière (un petit emmotement ovoïde) serait en fait un cimetière médiéval utilisé dès le XIIe siècle, très probablement le siège de l'église primitive. Ce site a semble-t-il été abandonné au cours du XIVe siècle.
- La « tradition » du Prince noir est amenée en fait à la fin du XIXe siècle par le biais de notables instruits.
- Il y a en fait association entre la Guerre de cent ans et le passage, lui bien inscrit dans les mémoires, des Anglais de Wellington en mars 1814. Les soldats de cette armée furent en effet « hébergés » par les habitants de Sabonnères et Montgras. Des combats de francs-tireurs fidèles à l'Empire sont aussi attestés dans le secteur.
Le site du « cimetière des Anglais » n'en prend que plus de valeur car il témoigne de deux événements associés à une invasion étrangère.
La chevauchée du Prince Noir
En 1355, le Comte d'Armagnac est nommé Lieutenant du Roi en Languedoc. Sentant la suite, il invite les habitants de toute la région à se réfugier dans les places fortifiées, à y accumuler des vivres et à s'armer. Il avait eu bon nez, furieux de cette promotion, le Prince Noir va faire du tourisme pour dire un petit bonjour à ses amis gascons et toulousains.
Le 23 octobre 1355, l'armée du Prince, composée d'anglais, d'aquitains et d'alliés gascons, on parle de 60 000 hommes, est à Seissan en Astarac. Le 24, elle campe à Simorre, s'approche de Sauveterre, évite Lombez mais par l'ouest atteint Samatan le 25 Octobre. Une partie des troupes aurait stationné sur la commune de Polastron-Gimoès au lieu-dit le Tucau (aux abords de Laurac). Jean De Wingfield, le chroniqueur du Prince, écrira de Samatan « qu'elle est impressionnante, aussi grande que la ville anglaise de Nerwich ».
C'est la ruée sur la capitale du Savès, qui est pillée et incendiée. La seule véritable ville forte de la région n'est plus que ruine, les survivants se réfugient à Lombez, épargnée.
La route de Toulouse est libre, elle est livrée aux hordes sauvages. Le Mona et Bragayrac sont complètement détruits, ainsi que la Salvetat de Ste Foy. Les remparts de Ste Foy cèdent, St Lys est pillée le 26 octobre.
De là, évitant Toulouse, les troupes de Prince Noir, entrent en Languedoc, franchissant la Garonne. Ils en reviennent après avoir brûlé Carcassonne le 18 novembre.
Le 20, le Pouy de Touges est rayé de la carte, les Anglais sont de nouveau en Savès. La journée du 21 verra tomber les mottes castrales de Mauvezin, le village de Savignac Del Rey, Frontignan, la grange hospitalière de Garravet et la sauveté de St Jean du Planté.
Le même jour, sur sa route vers le nord, le Prince Noir, ravage Montaigut, Sauvimont et Puylausic, évitant Lombez. Il atteint Samatan par Roncevaux. Varennes et la Batcrabère sont ravagées. Puis les Anglais atteignent Savignac, Nizas et Pompiac que Wingfield trouve « remarquablement cultivée ».
Sur tout le Savès on ne voit que la fumée des incendies. Les survivants du génocide se cachent dans les bois. Le blé volé est entassé sur les chariots de l'arrière-garde.
Légende de l’image : Édouard III accorde la Guyenne
à son fils Édouard de Woodstock, dit le Prince Noir.
(source British Library, Londres, ms.latin Cotton Nero
D. VI fo 31, fin du xive siècle).
La curée se prolonge sur le Comté de l'Isle. Endoufielle, Lombez et la motte de Blanquefort, à jamais détruits, tombent ainsi que le château d'Auradé. Les Anglais évitent l'Isle en Jourdain, bifurquent sur Gimont et sont devant les portes de la ville le soir du 22 novembre.
Le passage des anglo-espagnols en mars 1814
Le Maréchal Soult, duc de Dalmatie, battu en Espagne, arrête momentanément à Bayonne l'armée de Coalisés Anglo-Espagnols, commandées par Wellington (35 000 hommes). Mais après s'être fait battre à Orthez, il organise la retraite de l'armée française, avec des combats d'arrière-garde. Soult, dont le seul but est de rallier l'armée intacte de Catalogne de Suchet va ralentir l'avance de Wellington le long des Pyrénées. Ce dernier, dupé par Soult, s'engage vers Toulouse par Trie-sur-Baïse alors que les Français prennent la route de Tarbes puis la vallée de la Garonne, plus longue mais en meilleur état et atteignent Toulouse le 24 mars. Les coalisés les suivent lentement, enlisés dans les boues de la vallée de Save, sous des pluies diluviennes. L'armée Anglo-Espagnole stationne à l'Isle-en-Dodon, puis à Samatan et enfin à Sabonnères le 25 mars, ou une avant-garde anglaise entre en contact avec la division d'Armagnac à Tournefeuille le 26 mars.
Wellington a très certainement couché au manoir Tardan, la plus belle maison de l'époque sur le lieu, dans la famille Melac. Seule la tradition orale conserve mémoire de cet événement, la chambre du « maréchal » et un croquis de lui, encore visibles vers 1972, ayant été détruits avant leur destruction.
Les états civils du village retiennent le 25 mars le décès de « François Croux de nation espagnole âgé de 17 ans, né au Val de Fuentes dans l'estramadoure basse » et le baptême né d'un enfant de la veille fils de Grégoire Lopès, caporal au quatrième régiment d'artillerie de l'armée espagnole et Marie Sierra, marié, son parrain a été Raymond Lopez, employé dans la même garnison.
Le capitaine de la Garde Nationale de Rieumes, François Calixte Bonnemaison accuse le Maire de Rieumes de négliger 55 hommes capables de rejoindre la garde et sera plus tard puni par la mairie favorable au retour du roi. Le 16 mars, le comte Caffarelli mobilise les compagnies mixtes des Gardes Nationales pour atteindre la levée de 300 000 hommes prévus.
Après ces cérémonies de Sabonnères, effectuées tôt en matinée, l'armée se met en route et se retrouve devant Toulouse le 27 au soir. Mais Wellington contourne la ville et n'attaque Soult que le 10 avril. Ce dernier, vaincu, fait retraite en Lauragais. Il n'apprendra que le 13, que l'armistice avait été signé le 2 !
Le Feld maréchal vainqueur fait sa proclamation le 1er avril. Le 18 avril, le Maire de Muret, Olivier, remplissant provisoirement les fonctions de sous-préfet écrit au Maire de Rieumes « lorsque toute la France se réjouit de l'événement heureux qui va ramener l'ordre, le bonheur et la paix et que, de tous les points de la France, on s'empresse de témoigner à nos libérateurs la satisfaction et la reconnaissance dont chacun a pénétré, je crois que le plus sacré de nos devoirs est de faire parvenir au gouvernement provisoire l'expression des sentiments qui animent aussi nos administrés ».
« La proclamation de Lord Wellington doit être déclamée pour éviter que des mal intentionnés ne portent le trouble et le désordre au milieu d'une paix inattendue et qui nous garantit l'avenir le plus heureux ».
Les morts de la bataille donc 321 français et 593 anglais et espagnols, où sont-ils inhumés ? Le lieutenant français Forbes a sa tombe encore visible aux Ponts-Jumeaux. En 1815, on élève un obélisque en mémoire des combattants tués.